Publié le 3 mai 2022 | Mis à jour le 3 mai 2022

PRODUIRE ET VENDRE DES LIVRES RELIGIEUX

Europe occidentale, fin XVe-fin XVIIe siècle

Dès les débuts de l’imprimerie, le religieux s’est imposé comme un sujet essentiel. L’imprimé favorise la formation des ecclésiastes et des fidèles, il participe à l’uniformisation des manifestations du culte, il diffuse les idées nouvelles, anime les controverses... À la fin du XVe siècle, le livre religieux est partout et la demande est forte. 

Pour les professionnels, un tel engouement implique un défi technique et commercial (trouver le papier, entretenir les presses, assurer un réseau de distribution) : on estime par exemple que 3 millions de pamphlets de Luther ont été diffusés en moins de dix ans dans tout l’Empire (pour une population de 13 millions d’habitants). Ce marché et ce savoir-faire naissants connaissent une évolution fulgurante que cet ouvrage se propose d’étudier.

Produire et vendre des livres religieux s’attarde donc sur les relations qui s’établissent entre les Églises et les imprimeurs européens de la fin du XVe à la fin du XVIIe siècle. On y découvre la naissance des grands centres de production, notamment celui qui gravite autour de Luther, très soucieux de s’adresser aux meilleures presses ; on s’intéresse également au cas de la diffusion clandestine de la Bible Tyndale, première traduction vernaculaire à être diffusée en Angleterre depuis le continent. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le marché est arrivé à maturité, et ce sont de grandes dynasties de libraires-imprimeurs qui s’imposent, à l’instar des Cramoisy, soutenus par le pouvoir royal, bien que de plus petites officines, telle celle d’Hélie Josset, parviennent à tirer leur épingle du jeu.

La seconde partie de l’ouvrage met en lumière les stratégies éditoriales des imprimeurs : répondre aux attentes du lectorat grandissant implique la mise en place d’une production de masse, une diversification des genres. Chacun de ces genres possède des circuits de distribution, des rythmes de production et des contraintes techniques qui lui sont propres, à l’image des Gesangbücher du monde germanophone ou des « livres antisuperstitieux » diffusés très largement par l’Église espagnole.

Autant d’études qui démontrent que, dès son origine, l’imprimerie a été mise au service de la religion. Parfois par conviction, souvent pas opportunisme économique. Même s’il est pieux ou dévot, même s’il forme les prêtres et fait vivre les Églises réformées, l’imprimé demeure un produit à fabriquer et à commercialiser. 

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    PUL
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    Direction : Philippe Martin