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Ecole d’été franco-américaine sur le long XVIIIème siècle français

Présentation projet

 

L’histoire de la France pendant le long XVIIIème siècle, de la fin du règne de Louis XIV jusqu’à la Révolution et l’Empire, est l’objet depuis fort longtemps d’une coopération scientifique franco-américaine de premier plan. La période a bien sûr vu l’émergence et le développement des Lumières et, dans leur prolongement, la naissance de la République dans les deux pays. Des échanges matériels et intellectuels de toute première importance se mettent en place, parmi lesquels on peut citer l’aide militaire de la France aux Américains en lutte contre la couronne anglaise ; l’influence des idées françaises sur la conception de la Constitution américaine ; et inversement, l’influence de la Déclaration d’Indépendance de 1776 sur les événements qui secouent la France à partir de l’été 1788. Au milieu des années 1950, l’historien français Jacques Godechot et l’historien américain Robert Palmer inventent le concept d’histoire atlantique. Dans les décennies qui suivent, des historiens tels que Emmanuel Le Roy Ladurie, Pierre Goubert ou Roger Chartier sont régulièrement invités dans les universités américaines. Dans les années 1980, François Furet, figure majeure avec Mona Ozouf du renouveau de l’histoire de la Révolution française, enseigne à l’Université de Chicago, où il collabore étroitement avec des collègues américains. Des ouvrages importants, comme les quatre volumes de The French Revolution and the Creation of Modern Political Culture, puis l’imposant Dictionnaire critique de la Révolution française, émergent conjointement de ces collaborations entre histoire française et histoire américaine de la France.
Depuis les années 1960, des milliers de doctorant.es américain.e.s travaillant sur cette période ont passé de longs séjours de recherche en France, au cours desquels ils et elles se sont familiarisé.es avec les archives et les bibliothèques, ainsi qu’avec la vie et la culture du pays, formant souvent des liens durables avec des collègues français.es. Ces réseaux scientifiques, par la compréhension mutuelle et l’expertise partagée qu’ils déploient, forment un des socles des relations franco-américaines.

Aujourd’hui, cependant, ces bonnes pratiques se trouvent menacées. Aux Etats-Unis, un recrutement en déclin a conduit à une réduction massive des offres de travail pour les jeunes docteur.es en histoire en général. Dans les départements d’histoire des universités américaines, un grand nombre de chaires en histoire européenne ont été transformées pour englober l’histoire d’autres continents ; dans ce processus, la période moderne a également reculé au profit des périodes plus contemporaines. Cette tendance, associée à l’émergence de formes variées d’histoire globale, a conduit beaucoup de doctorant.es et de directeurs et directrices de thèses à choisir des sujets plus larges que l’histoire du XVIIIème siècle français, soit dans le temps soit dans l’espace. La révolution numérique, par ailleurs, qui permet d’accéder aux archives en ligne, ou de photographier un grand nombre de manuscrit en un minimum de temps, a profondément modifié les pratiques historiennes. De plus en plus de doctorant.es et d’universitaires privilégient des séjours brefs, pendant lesquels ils et elles photographient des milliers de documents. Enfin, la diminution constante des effectifs de doctorant.es dans ce champ de la French History rend de plus en plus difficile, même dans les universités les mieux dotées, la formation de séminaires de recherche et de bibliographies francophones. Il en résulte une baisse inquiétante des possibilités, pour les un.es et les autres, d’acquérir les compétences linguistiques, culturelles et relationnelles nécessaires à l’exercice du métier.

Cette évolution n’est pas sans effet sur la profession des historienne·s français·e·s, qui voient diminuer leurs chances d’établir des partenariats internationaux, de présenter leurs travaux à une audience anglophone, ou de voir cités leurs travaux en langue française. Elle apparaît d’autant plus dommageable et paradoxale que, non seulement les jeunes chercheurs/euses sont incité·e·s à s’internationaliser de plus en plus tôt, mais il existe aussi un intérêt scientifique majeur à faire circuler les références et les problématiques développées dans chacune des historiographies. 

En réponse à ces défis, nous mettons en place une école d’été pour les doctorant.es français.es et américain.es travaillant sur le long XVIIIème français.