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Séminaire Interdisciplinaire "Déviance, psychopathologie et religion"

Présentation du projet

Le projet présenté vise à la réalisation, dans une démarche interdisciplinaire, de travaux de recherches collectifs, fondés sur un partenariat entre universitaires (histoire, anthropologie, médecins…) et professionnels (médecins, psychologues, éducateurs…).
Le terme « déviance » sera mobilisé pour désigner le domaine de la vie sociale étudiée par Howard Becker, notamment dans son ouvrage intitulé Outsiders devenu emblématique au sein des sciences humaines et sociales. Il sera confronté à d’autres travaux comme ceux de Robert Muchembled sur l’histoire de la sorcellerie. Le projet croisera donc des champs disciplinaires divers pour se consacrer à des comportements jugés déviants, c’est-à-dire impliquant « les actes sanctionnés par la loi et le système juridico-policier », la morale, la religion… Un sujet que, résolument, nous placerons sur le temps long, partant du présupposé que les définitions du terme déviance, couramment établies par des forces de l’ordre et de la justice, « ne sont que définitions socialement constituées parmi d’autres ». Il s’agira de considérer, à partir d’expériences récoltées dans nos respectifs terrains de recherches, dans différents cadres sociaux, dans différentes périodes, dans différentes sociétés et dans différentes structures de soins (publics et privés), que l’étude de différentes modalités et situations de déviance méritent une égale et approfondie attention dans le cadre de la recherche proposée.
Notre objectif est donc double : contribuer aux études et recherches portant sur la relation déviance/délinquance rapporté à la santé mentale ; éclairer une dimension du fait religieux qui passe par la qualification (ou la disqualification) de comportements. Comment certaines actions sont présentées acceptées (en tant que ce qui est « bien »), d’autres sont interdites (en tant que ce qui « mal ») ? Becker annonce que « tous les groupes sociaux instituent des normes », ce qui nous pose la question de l’ordre de « la norme » et du « hors-norme ». Dans notre domaine, de telles interrogations résonnent de multiples manières : sorcières ou radicalisés sont deux des manifestations de ces schémas ; mais nous pourrions multiplier ces paires qui transcendent les époques et les disciplines (ex. : possédés / malade mental).
Il s’agira en premier lieu d’identifier les formes psychopathologiques de cette déviance (passages à l’acte violents/transgressifs, conduites addictives…). Nous proposons ensuite d’interroger les motivations du recours à la religion de la part des sujets, et éventuellement de leurs proches, pour disposer d’éléments permettant d’analyser dans quelle mesure le religieux participe des processus de déviance et de résilience . Nous prendrons en compte aussi bien les récits de « praticiens » (exorcistes, médecins…) que ceux jugés « déviants » (qui ont porté bien des noms différents en fonction des époques) concernant aussi bien le parcours de déviance, les traumatismes et les vulnérabilités cumulées que l’imbrication des problématiques qui perturbent, certes les patients, mais aussi la prise en compte de manière plus élargie de leur cadre clinique d’après l’évaluation des professionnels de santé.
Nous voulons décloisonner les approches habituelles souvent enfermées dans les disciplines ou les périodes chronologiques.