Publié le 14 février 2022 | Mis à jour le 14 février 2022

L'homme et la brute au XVIIe siècle

Une éthique animale à l'âge classique ?

On sera sans doute déçu si l'on cherche au XVIIe siècle les prémisses d’une éthique animale. Les « bêtes brutes », comme on les appelle alors, sont exclues de la sphère des obligations, et pas seulement par quelques cartésiens mécanistes. De nombreux auteurs soutiennent que les bêtes sentent, ou qu’elles ont une âme qui n’est pas trop différente de la nôtre, ou encore qu’elles sont dotées de raison, les prenant parfois même comme point de comparaison afin de rabaisser l’orgueil humain. Nombreux sont ceux qui s’indignent de la cruauté à leur égard, et d’autres vont jusqu’à leur reconnaître des droits. La diversité des positions, des représentations et des arguments coïncide donc assez rarement avec les accusations adressées de nos jours à l’âge classique. Tous ne sont pas cartésiens, et la « théorie » de l’animal-machine est peut-être un petit peu plus que l’effet d’un préjugé. Aucun pourtant n’envisage de lien éthique, moral ou juridique avec les bêtes. Paradoxalement, les plus affranchis de tout anthropocentrisme leur accordent des droits, mais affirment le plus radicalement l’absence de lien éthique avec les bêtes. Lire ces œuvres d’un autre âge à l’aune d’une question qu’elles ne pouvaient pas formuler permet d’inquiéter les évidences qui sont les nôtres, et d’y trouver des ressources pour poser et résoudre des problèmes qui n’étaient pas les leurs.

Présentation sur le site de l'éditeur

  • Éditeur
    ENS ÉDITIONS
  • Auteur(s)
    Édité par Marine Bedon, Jacques-Louis Lantoine