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AXE II: l'état et les religions
État et religion : la construction du lien
Il ne s’agit pas, ici, de s’interroger sur le lien entre religion et État, sujet déjà abondamment étudié. Fidèles aux ambitions du LabEx, nous souhaitons comprendre et analyser le lien qui fonde une communauté politique et/ou sociale.
Cela se fait dans deux sens :
1. L’État intervient pour dire, voire définir, ce qui est « religion ». C’est ce qui est attendu par une partie de la société actuelle qui croit, par exemple, que l’État français a dressé une liste des sectes ou qui attend que la justice se prononce sur l’apparition de nouveaux rites. On lui demande de juger des marabouts qui n’ont pas correctement « vu » l’avenir ou des parents divorcés qui ont pratiqué la circoncision sur un enfant en bas âge. La tentation n’est pas uniquement contemporaine. C’est l’État haïtien qui a longtemps traité le vaudou de « superstition » avant de l’assimiler à une « religion ». C’est aussi l’intervention des États lors des conflits confessionnels ; les hommes des XVIe et XVIIe ont pu avoir le désir qu’une autorité définisse le licite et l’illicite. Ces questionnements nous obligent à penser les mots (superstition, secte, religion...). On s’intéresse au traitement de la religion par l’État.
2. l’État se définit, ou plutôt se détermine, aussi « religieusement ». On peut ici parler des écrits de Paul Bert, Ferdinand Buisson ou Vincent Peillon sur la laïcité comme religion républicaine. Certains posent une évolution de la conception de l’État ; en France, il se détournerait du modèle catholique romain pour aller vers un modèle protestant (libre examen contre enseignement dogmatique, caractère fonctionnel contre corps mystique...). Peut-on faire des parallèles ? Le refus du décorum dans la représentation de l’État coïnciderait avec l’abandon de la liturgie traditionnelle et de sa signification, la banalisation de la fonction présidentielle avec celle de la fonction sacerdotale (le prêtre comme animateur de la communauté et non plus comme agissant In Persona Christi Capitis) ? Ces questionnements nous obligent à penser les structures sociales et politiques (calendrier, cérémoniaux...). On s’intéresse aux interactions entre l’État et la religion.
Ces deux interrogations ne doivent pas dissimuler les évolutions. Aujourd’hui, l’État incarne une nation qui ne commence à exister qu’à la Révolution en tant que République et n’a rien à voir avec ce qui l’a précédé. Il s’adapte à l’Autre justement parce qu’il est autre et que sa prise en compte en tant que tel contribue mécaniquement à éloigner un peu plus du passé. Le cas de l’étude de la laïcité éclaire bien ce glissement. La laïcité de la IIIe République, nullement « apaisée » mais laïcité de combat, visait à en finir avec la France catholique et royale pour lui substituer la patrie des droits de l’homme. Or, face à l’islam, peut-être cette laïcité ne fonctionne-t-elle plus parce qu’elle reposait largement sur le dénigrement de l’adversaire et sa culpabilisation (croisades, Inquisition...) alors que l’islam serait lié à une représentation de l’autre qui interdirait de le dénigrer en tant que tel (étranger, exclus...) et que, pour la même raison, la culpabilisation ne fonctionnerait que dans un seul sens (les torts de la colonisation, les luttes de la décolonisation...). Dès lors, le traitement de la religion par l’État n’est effectivement pas le même parce que la vision de l’État n’est pas la même et que l’ouverture à l’autre peut justifier par exemple les accommodements raisonnables à la québécoise alors que face au christianisme, il s’agissait non pas de s’ouvrir à l’autre mais de rejeter le passé.
Il ne faudrait surtout pas enfermer le propos dans une histoire contemporaine ou immédiate. Ces affrontements, linguistiques, sociaux, politiques et/ou culturels, sont de tout temps. Ils génèrent des débats qui pourraient (ou non) participer à l’affirmation de la modernité.
Pour les religions, la modernité ne se traduit pas qu’en termes de changement culturel ou idéologique. C’est aussi, et surtout, la confrontation avec de nouveaux systèmes politiques et de nouvelles logiques économiques ; ce qui en remodèle les contours et participe à la redéfinition de leur contenu. En régime de modernité, toutefois, le politique et l’économique constituent des forces contradictoires, centripètes et centrifuges, pour la religion. D’où la nécessité de saisir les métamorphoses du religieux au prisme des relations dialectiques de l’État et du marché.
Pour répondre à ces problématiques, l’axe 2 du LabEx a souhaité développé une approche croisant le vécu des religions. Il développe quatre programmes de recherche :
1. DES MOTS POUR LA RELIGION :
- Colloque Définir l’hétérodoxie dans le protestantisme
- Sciences humaines, foi et religion : ensemble de réflexions méthodologique réunies sur la plateforme numérique "religion et laïcité" de l'ISERL
- Projet sur la question des superstitions : colloque, anthologie.... et Webdocumentaire
- Projet "Dictionnaire les mots de..."
2. DES TEXTES POUR LE RELIGIEUX:
- Site Coran 12-21
- Projet sur les dictionnaires religieux : "Histoire des dictionnaires : du produit éditorial aux usages (XVIe-XXIe siècles)"
- Projet sur les livres liturgiques
3. FAIRE VIVRE LE PLURALISME :
- Colloque sur les convertis
- Colloque Jésuites et protestants
- Journée sur la Franc-Maçonnerie
- Vie religieuse et enjeux judiciaires dans les sociétés anciennes;
- Religion et alimentation
- L'exposition Laïcité et religion
4. LE RELIGIEUX DANS LE MONDE :
- Atelier sur le temps religieux
- Préparation "Dictionnaire du Temps Sacré"
- Projet "Vie religieuse et enjeux judiciaires"
- Colloque Miracles et guerres
- Colloque "Femmes et catholicisme"
- Colloque Entre les divinités des uns et les démons des autres
5. LES ANTI-LUMIÈRES ET LE LIVRE (1715-1815) :
- publication des œuvres complètes de Florent Gilbert
- ouvrage collectif sur le XVIIIe siècle, « grand siècle religieux »
- organisation d’une journée d’études en 2022
6. RePPOL (Rethinking the Prebendaries Plot On Line)
- colloque sur la prise de parole populaire au temps des Réformes en Europe
- formation des étudiants en L3 et en Master
En parallèle de ces projets de recherche, l'Axe II a aussi développé une série de formations, dont les formations en ligne suivantes :
- Webdocumentaire sur Dom Loupvent;
- Webdocumentaire sur les superstitions ;
- Master en E-learning "le fait religieux"
L'ensemble des formations est disponible à l'onglet "Formations"
Ainsi qu'un ensemble de ressources ou d'événements de valorisation scientifique, ouverts au grand public, dont les suivants:
- Les Bobines du sacré;- Les Assises de la religion et de la laïcité;
- Dictionnaires "Les mots de...";
- Un ensemble de conférences et de débats dans des bibliothèques, les musées, ou encore la prison de Corbas (en partenariat avec le Service pénitentiaire d'insertion et de probation et la direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse).
Tous les projets de l'Axe II sont répertoriés ci-dessous, et sont aussi accessibles dans les onglets correspondants sur l'ensemble du site.
Responsables de l'axe II
- STÉPHANE CAPORAL-GRÉCOProfesseur de Droit public, Université Jean Monnet Saint-Etiennemembre du CERCRID UMR 5137
Les Projets de l'axe II
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Cette rubrique regroupe des événements à caractère ponctuel entrant dans les thématiques de l'axe II
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Formation de E-learning en cours de préparation
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Projet de recherche sur la superstition
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Notre projet vise (dans un premier temps) à encoder et mettre en ligne l’édition du Caire ainsi que deux versions anciennes et une version moderne du Coran.