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Colloque international : "Anthropologie sceptique et modernité"

Présentation du projet

 

Colloque international des 13 au 15 mars 2019

Comment évaluer l’apport du scepticisme à la pensée moderne ? Est-ce la constitution d’une anthropologie sceptique qui en donne la clef ? N’y a-t-il pas un discours sur l’homme implicitement contenu dans les scepticismes antiques ? N’est-il pas contradictoire que le philosophe sceptique attribue à l’homme une nature déterminée, alors que la voie sceptique, telle qu’elle est énoncée par Sextus Empiricus, conduit à chaque fois à constater l’incapacité de chacun à se prononcer sur la nature même des choses ? Le scepticisme pourrait bien être une forme de naturalisme philosophique, qu’il faudrait alors spécifier.
De manière plus générale, s’il y a un sens à parler d’anthropologie(s) sceptique(s), il convient d’en préciser le contenu : l’homme y est-il caractérisé par une incapacité à adhérer définitivement à ses représentations, d’où résulterait sa défiance à l’égard de toute croyance ? Ou au contraire se singularise-t-il par le lien privilégié qu’il tisse avec elles, faute de science ? Cette question invite à revenir sur la conception sceptique des moeurs et de l’homme social, à réévaluer la pertinence de la thèse selon laquelle le scepticisme philosophique vouerait au conformisme moral et politique, et par conséquent à l’irresponsabilité et à l’indifférentisme. Dans l’hypothèse inverse où les pratiques sociales et politiques sceptiques pourraient être évaluées d’une manière immanentiste et interactive, à partir de leur effet, se pose la question des liens entre scepticisme et pragmatisme. Ce dernier n’est peut-être pas seulement une stratégie de réfutation du scepticisme, mais l’un de ses éléments constitutifs permettant de contrer les approches transcendantes ou absolutistes de la réalité. Reste alors à déterminer la manière sceptique de comprendre la relation de l’homme au au monde qu’il partage avec d’autres être humains culturellement distincts, mais aussi avec des existants non humains. Si le sceptique se prononce à ce sujet, comment situer son discours par rapport à ces nouveaux champs du savoir qu’ont constitués les sciences humaines et sociales au XXe siècle, et tout particulièrement l’anthropologie ?