Publié le 7 novembre 2018 | Mis à jour le 7 novembre 2018

Les femmes dans le cloître et la lecture (XVIIe-XIXe siècles)

Placer les pages qui suivent, consacrées à l’acte de lire en milieu monastique féminin et à la place du livre et de l’écrit dans la formation, la spiritualité, voire la polémique dans la vie religieuse féminine, sous les auspices d’un roman libertin, peut sembler provocateur. Pourtant, ce célèbre roman rappelle à la fois que le livre tient une place discrète, mais essentielle, dans les monastères, et que cette place reste malgré tout difficile à définir, pour l’historien d’aujourd’hui comme pour les contemporains, tentés de prêter à la religieuse, à la fois une ignorance qui confine à la niaiserie, et un irrépressible désir de livres. L’acte de lire se situe au croisement de deux éléments : d’une part, un environnement livresque, et d’autre part un accès, permissif ou transgressif, aux livres. Ces deux conditions réunies, se déploient des pratiques variables et inventives d’appropriation des textes. Ce sont et ces conditions, et leur résultat en situation monastique que nous souhaitons mettre ici en évidence, dans le contexte particulier d’un lectorat féminin ayant, après une année de noviciat et au moment de la cérémonie des vœux, accepté de se fondre dans un corps collectif, dont chaque membre n’est plus que la déclinaison d’un idéal de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, auquel s’oppose le livre, symbole de richesse, d’émancipation et de dérèglement de l’imagination.


In common popular imagination as well as in the most part of historiography, a nun would read very little, if not at all. It is widely believed that, due to numerous constraints limiting her reading opportunities, as well as the obligation for her to report what she read to her spiritual adviser, her confessor, her abbess or her novice supervisor, and faced with scant material community resources, she would eventually do without books, except of course her prayer book, an Imitation and some Saints’ lives. The time has come to reconsider those preconceived notions.
This work, made up of seventeen contributions mostly focusing on France but also Italy, the Lowlands and Spain, aims at showing how surprisingly varied reading practices were in women secluded convents between the Renaissance days and the late 19th century, between Thérèse of Avila and Thérèse de Lisieux. The places, times and reading gestures helped prop up various activities, ranging from personal devotion and liturgy to teaching, conscience supervision, spiritual evolution along tricky lanes, if not academic knowledge. Not all nuns were critical and full-fledged readers. Still, it is possible to find in a monastery, whatever its form may be, a rich imagination world related to reading , materializing or not in the common or personal libraries of the nuns, making it possible to put preconceived ideas right as far as the relationship between cloistered women and books is concerned.

  • Éditeur
    Beauchesne
  • Auteur(s)
    Sous la direction de Philippe Martin et Fabienne Henryot

    Avec la collaboration de Caroline Bowden, Matthieu Bréjon de Lavergnée, Amélie Candéla, Véronique Castagnet-Lars, Marie-Élisabeth Henneau, Bernard Hours, Odon Hurel, Simon Icard, Claude Langlois, Jean-Marc Lejuste, Alix Mérat, Pierre Moracchini, Claire Pibarot, Juliette Pinçon, Antoine Roullet, Sabrina Stroppa, Éric Suire.