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Rire des souverains : usages politiques de la parole facétieuse

Le projet prend la forme d’un colloque international organisé à l’Université de Clermont-Auvergne, du 23 au 25 mai 2024. Il réunira 27 chercheurs internationaux (France, Canada, Espagne, Italie, Etats-Unis, Pays-Bas, Roumanie), de disciplines variées : histoire culturelle et histoire littéraire, poétique, histoire du livre. Il s’inscrit dans le cadre d’une convention de recherche signée entre l’Université de Clermont-Auvergne et l’Université de Bacau, et de collaborations avec les équipes de recherche de Paris VIII et Sorbonne Université. Il approfondit les travaux du projet MSH FACEF (Fortunes et avatars de la Facétie entre France et Italie, MSH Clermont-Ferrand de 2013 à 2015) et prolonge les thématiques explorées lors de sessions et tables rondes organisées aux Congrès de la RSA (Renaissance Society of America) de Berlin en 2015 et de Boston en 2016 sous le titre « Rire des souverains ».

Le titre du colloque entend jouer sur l’ambivalence de la formule et invite à réfléchir sur les enjeux politiques renouvelés propres à la diffusion accélérée - de la fin du Moyen-Age au milieu du XVIIe siècle-, dans les productions littéraires facétieuses européennes, d’une scénographie ludique des bons mots et des bons tours dont les rois sont les héros ou les cibles, en particulier dans le cadre de l’interaction codée entre le roi et des prototypes de bouffons mais aussi dans des dispositifs
cyniques ambigus plus subversifs.

Il s’agit de réévaluer la portée et l’impact extra-littéraire de productions littéraires facétieuses polymorphes qui ont connu leur âge d’or dans la littérature européenne de la fin du Moyen Age au milieu du XVIIe siècle et dont les enjeux sont loin d’être anecdotiques : en effet la dynamique de socialisation ludique qui se joue autour de la promotion aristocratique de la facétie à la Renaissance recouvre le processus de civilisation de l’Occident mis à jour par Norbert Elias. La réflexion menée à l’occasion de ce colloque vise à mieux comprendre les dispositifs de sociabilités et de connivences autour desquelles s’élaborent des formes nouvelles de paroles politiques, des cours à leurs périphéries, la diffraction des réseaux et des publics compromettant la construction d’un sens commun et favorisant clivages et dissidences.