Société Rhodanienne de Philosophie – Programme des conférences 2019 / 2020

Du 9 octobre 2019 au 11 mars 2020

Toutes les conférences ont lieu de 18h30 à 20h

PROGRAMME

MERCREDI 9 OCTOBRE 2019 à 18 h30
Patrick WOTLING, Professeur à l’Université de Reims.
La reconstruction nietzschéenne de l’enquête philosophique.

MERCREDI 13 NOVEMBRE 2019 à 18h30
Jérôme LAURENT, Professeur à l’Université de Caen.
Le désir demeure désir : une joie ou une souffrance ? L’expérience érotique selon Platon, Lucrèce et Sénèque.
La soif est un désir de boire qui a pour but d’assouvir ce désir et qu’ainsi la souffrance de la soif disparaisse. En est-il ainsi de tout désir ? Le bonheur serait-il comme pour le sage stoïcien de ne pas désirer et d’avoir toujours ce qu’il nous faut ? Platon tout au long de son œuvre (notamment dans le Banquet, la République, le Phèdre et le Philèbe) a médité l’équivocité de l’expérience du désir : souffrance de manquer du désirable, joie de rencontrer le désiré. Or si tout ou presque tout peut être à un certain moment désirable, il n’en reste pas moins que c’est l’expérience érotique qui est comme le cœur du désir : Platon parle à son propos d’une mania érotiké (Phèdre 249-253), d’un délire d’amour ou d’une folie désirante. Cette folie qu’on appelle encore la passion amoureuse est condamnée par Lucrèce dans son poème De la Nature selon les principes de l’école épicurienne qui cherche à limiter les désirs au strict nécessaire. Le plaisir est certes toujours une bonne chose, sauf s’il s’accompagne de plus de troubles que de sérénité. La rêverie, comme pré-romantique, présentée dans ce qu’on appelle le « mythe de l’Androgyne » du discours d’Aristophane dans le Banquet (189d-191d) n’est-il pas la marque de la déraison, si les amoureux veulent ne faire plus qu’un et abolir leur identité ? Cet oubli nihiliste du monde et de l’altérité dont le final du Tristan et Isolde de Wagner donne une saisissante image fait du récit d’Aristophane l’adversaire principal de Levinas dans Totalité et infini, ouvrage majeur paru en 1961 et dont le sous-titre est « essai sur l’extériorité ». Quand le désir sera demeuré désir, même une fois assouvi, le monde qui nous entoure aura toujours de quoi nous donner envie de le découvrir et d’y trouver des objets d’admiration.
Université Jean Moulin Lyon 3 - Salle N 211 -18 rue chevreul, LYON 69007


MERCREDI 29 JANVIER 2020 à 18h30
Audrey RIEBER, Maître de Conférences à l’ENS de Lyon.
L’espace de la représentation : le modèle perspectif.
La conférence souhaite interroger la notion de représentation du point de vue de la philosophie de l’art. Elle mettra de côté la question de savoir ce que l’art représente (des dieux, des hommes, des paysages) pour se concentrer sur la question des modalités de la représentation. Quels moyens formels le dessinateur ou le peintre (on se limitera aux arts visuels) mettent-ils en œuvre pour pouvoir représenter ? Bref, il s’agit de se demander comment « ça représente » et non d’identifier et d’interpréter les objets représentés. De ce point de vue, la perspective linéaire telle qu’elle a été décrite par Alberti (De Pictura, 1435) constitue un « objet théorique » privilégié. L’examen de son fonctionnement permet en effet d’établir comment un certain traitement de l’espace de l’image va de pair voire conditionne une théorie de l’art comme représentation. Bien plus, en qualifiant la perspective de « forme symbolique » et de « paradigme », on peut essayer de montrer que la perspective dite légitime non seulement conditionne la possibilité d’une représentation artistique mais est liée à un certain ordre du savoir qui conçoit l’accès au vrai à partir de la représentation. C’est à Ernst Cassirer, Erwin Panofsky, Hubert Damisch et Michel Foucault que nous emprunterons pour explorer cette question.
Université Jean Moulin. Salle Richardot. 15, quai Claude Bernard - 69007 LYON

MERCREDI 26 FÉVRIER 2020 à 18h30
Arnaud MACÉ, Professeur à l’Université de Franche-Comté.
Le retrait socratique. La critique platonicienne de la démocratie.
La manière dont Platon récuse le gouvernement démocratique de son temps, notamment au livre VIII de la République, est bien connue. Les débats des dernières décennies ont ravivé les questions qui animaient déjà la génération de Victor Cousin, celle de savoir si les Lois marquent une modération nouvelle du penseur athénien sur les questions politiques, modération qui pourrait aussi laisser plus de place à des formes de gouvernement où la consultation des citoyens ait plus de place. En ces matières, il faut faire attention à l'anachronisme qui peut nous mener à considérer comme démocratiques des formes de gouvernement faisant usage de l'élection et de la représentation, tandis que Platon critique la démocratie de son temps, qui fait usage de la délibération directe et de la délégation par tirage au sort.
Nous voudrions aborder ces questions par un angle différent. Platon a mis en scène, dans nombre de ses dialogues, la figure de Socrate. Or, pour nombre d'interprètes, celle-ci, au moins dans les premiers dialogues, représente un idéal "démocratique", par son goût de la discussion partagée avec chacun au gré de ses rencontres sur l'agora. On peut donner à cette disponibilité un tout autre sens, si on la replace dans le contexte de l'ensemble des signes de réticence manifestés par le Socrate de Platon vis-à-vis de la culture démocratique, de l'abstention de toute participation aux instances de délibération propres à la démocratie, à la fréquentation de figures historiques nettement associées aux projets oligarchiques du Ve siècle. Nous tenterons de déchiffrer, dans la représentation platonicienne de Socrate, les contours d'une critique en acte de la démocratie et l'esquisse d'une manière de vivre en démocratie malgré ces réticences.
Université Jean Moulin. Salle Q-P33. 1, rue de l’université - 69007 LYON


MERCREDI 11 MARS 2020 à 18h30
Véronique LE RU, Professeur à l’Université de Metz.
Émile du Châtelet, femme des sciences et philosophe.
Rarement une scientifique de renommée internationale a été aussi décriée de son vivant et de manière posthume. Aujourd’hui Émilie du Châtelet est toujours peu ou mal connue, d’où l’urgence à dresser le portrait de la Marquise du Châtelet en philosophe à part entière, et non pas en simple traductrice d’un grand savant, Newton, ou en simple compagne d’un grand écrivain philosophe, Voltaire. La Marquise mérite mieux que cela, elle mérite qu’on la découvre sous toutes ses facettes de scientifique, de philosophe, de femme libre et engagée dans la cause de l’éducation des femmes. Il est temps de lire Émilie du Châtelet pour elle-même.
Université Jean Moulin. Salle D 23 – Bâtiment Dugas - 7, rue Chevreul - 69007 LYON


 

Lien vers l'agenda de l'association: http://facdephilo.univ-lyon3.fr/societe-rhodanienne-de-philosophie-agenda-2018-2019-159187.kjsp