Colloque UDL-FAPESP "Libéralisme et républicanisme à l’origine de la modernité"_23-24/06/2022

Le « libéralisme » et les modèles économiques, politiques et culturels qui lui sont associés, ne cessent d’être en crise. La réponse républicaniste, consistant à vouloir réactiver mutatis mutandis la vertu civique et le sens de la communauté à l’encontre d’un individualisme libéral focalisé sur l’intérêt personnel, se heurte à l’impossibilité de donner une définition objective, ou même consensuelle, à des notions prescriptives telles celles de « bien commun », de « chose publique » ou d’« intérêt collectif ». Débordé sur son versant individualiste par le pluralisme des sociétés modernes, le républicanisme contemporain l’est en partie aussi sur son versant collectiviste, les nostalgiques d’un idéal aristotélicien d’une cohésion sociale reposant sur un partage des croyances (homonoia), tels Alasdair McIntyre, se réclamant souvent d’idéaux communautariens plus que républicains.

C’est dans ce contexte que s’inscrit notre projet généalogique. Les histoires du libéralisme, centrées sur la « doctrine libérale » (économico-politique) des XVIII^e et XIX^e siècles ont souvent occulté le fait que le libéralisme se rapporte à l’origine à l’émergence, aux XV^e et XVI^e siècles d’une nouvelle culture anthropologico-morale. Celle-ci a conduit à une réadaptation constante des idéaux républicanistes hérités de l’Antiquité. Il ne s’agit donc pas ici d’opposer frontalement, comme a pu le faire l’École de Cambridge, deux « familles » identifiables, républicaine et libérale, mais de montrer l’interaction entre deux mouvements de pensées en apparence divergents. Tocqueville a montré qu’une des conquêtes des démocraties modernes tient à ce que l’intérêt privé ne doit plus être sacrifié pour l’intérêt général, car « une sorte d’égoïsme raffiné et intelligent semble le pivot sur lequel tourne toute la machine [sociale] ». C’est l’émergence de cet « égoïsme raffiné et intelligent » dans sa dimension anthropologique, morale et politique – avant sa systématisation au XIX^e siècle dans le domaine de l’économie politique – qui constitue l’objet d’étude de ce projet.

Programme

Jeudi 23 juin 2022

9h30 (à partir de) : Accueil

9h45 :  Introduction
Thierry Gontier (Université Jean Moulin – Lyon 3), Alberto Barros (Université de São Paulo), Bruno Godefroy (Université de Lyon)

10h00 : La règle fondamentale de la philosophie de Montaigne et ses conséquences politiques
Plínio Smith (Université fédérale de São Paulo)

10h40 : Vita activa et vertu politique dans l’humanisme civique
Sérgio Cardoso (Université de São Paulo)

11h20 : Réponse et discussion
Jean-Pierre Souriac (Université Jean Moulin – Lyon 3) et Laurent Baggioni (Université Paris 3)

12h00-14h00 : Pause déjeuner

14h00 : Le droit naturel à l’autogouvernement : le républicanisme de Richard Price
Christopher Hamel (Université de Rouen)

14h40 : Tyranny and despotism in Mary Wollestonecraft’s “A Vindication of the Rights of Woman”
Eunice Ostrensky (Université de São Paulo)

15h20 : Hume on religion, state and politics
Cicero Araujo (Université de São Paulo)

16h00 : Réponse et discussion
Frédéric Herrmann (Université Lumière – Lyon 2) et Claude Gautier (ENS Lyon)

17h00 : Fin de la journée

Vendredi 24 juin 2022

9h30 (à partir de) : Accueil

10h00 : Républicanisme et contractualisme dans les Considérations sur le gouvernement de Pologne
Gabrielle Radica (Université de Lille)

10h40 : Rousseau et « l’économie bien entendu de la puissance civile »
Christophe Litwin (Université Paris Cité)

11h20 : Réponse et discussion
Théophile Pénigaud (ENS Lyon) et Thierry Gontier (Université Jean Moulin – Lyon 3)

12h00-14h00 : Pause déjeuner

14h00 : Le néo-républicanisme de Pettit : les droits naturels et les droits humains
Alberto Barros (Université de São Paulo)

14h40 : Assemblages révolutionnaires et traditions républicaines
Olivier Christin (Université de Neuchâtel)

15h20 : Réponse et discussion
Pierre Girard (Université Jean Moulin – Lyon 3) et Bruno Godefroy (Université de Lyon)

16h30 : Fin du colloque