7ème session de l'école thématique de Neolatin du Labex COMOD
Cette école thématique CNRS propose une formation intensive en néo-latin à travers l’étude de textes relevant de différentes disciplines (littérature, philosophie, droit, théologie, sciences). On définit comme « néo-latins » les ouvrages rédigés en latin depuis la fin du Moyen-Âge et jusqu’à nos jours mais, dans le cadre de cette école, les périodes visées seront en particulier la Renaissance et l’Âge classique. Si pour le domaine du latin « classique », on dispose au niveau de l’enseignement universitaire de cursus systématiques et, de manière générale, de la possibilité de lire les « grands auteurs » à l’aide d’éditions scientifiques et de traductions récentes, pour le « néo-latin » l’offre de formation est plus restreinte et l’accès aux sources souvent plus difficile, car, bien que les recherches dans ce domaine soient en plein essor, de nombreux écrits de la Renaissance et de l’Âge classique ne bénéficient pas encore d’éditions et traductions modernes. Cette formation s’adresse donc à celles et ceux qui souhaitent s’initier ou améliorer leur compréhension (par la lecture, par la traduction) du latin de ces périodes. Le programme comprend des ateliers de lecture encadrés par des leçons visant à assurer le cadre théorique indispensable à la compréhension des textes choisis, et à répondre, à partir d’exemples précis, à des questions plus générales : comment aborder un texte néo-latin, non seulement d’un point de vue philologique, mais aussi historique, conceptuel ? Quels sont les milieux culturels, intellectuels, scientifiques ou religieux de production de ces textes ? Comment se servir des notions d’histoire du livre et d’ecdotique pour mieux les comprendre ? Quel est leur rapport aux langues vernaculaires ?
Programme
Lundi, 3 juillet
13h30-13h45 Accueil des participants
13h45-14h00 Mot d’accueil par Pierre-François Moreau (IHRIM-ENS de Lyon)
14h00 – 16h15 Martine Furno (Université Grenoble-Alpes), L’usage du latin à la Renaissance et à l’âge classique : comment et pourquoi ?
Quelles sont les spécificités du latin des xvie-xviie siècles (points grammaticaux, éléments d’histoire du livre, dictionnaires et manuels anciens) ? Sous quelles formes et pourquoi oraliser le latin à ces époques-là ?
16h30-17h30 Martine Furno et Smaranda Marculescu (IHRIM-ENS de Lyon), Atelier bibliographique
Mardi, 4 juillet
09h00-10h15 Pascale Paré (Université Lyon 3 Jean Moulin) et Sarah Gaucher (ANR IThAC, Université Lyon 3 Jean Moulin), Présentation du projet ANR ITHAC (étude de la réception du théâtre antique dans l’Europe du XVIe s. à travers l’analyse du corpus)
L’ANR IThAC a pour objectif l’étude de la réception du théâtre antique dans l’Europe du XVIe s. à travers l’analyse du corpus des paratextes savants imprimés qui lui sont alors consacrés, et la mise à disposition de la communauté scientifique de la traduction de ce corpus en français, grâce à la construction d’une interface numérique évolutive. Piloté par Malika Bastin-Hammou et Pascale Paré et mené en collaboration avec l’UMR HiSoMA autour d’une équipe de 15 chercheurs membres de Litt&Arts et d’HiSoMA, le projet a obtenu un financement de 48 mois par le plan d’action de l’ANR 2019.
10h45-12h45 Mathieu Ferrand (Université de Grenoble-Alpes), Apprendre du théâtre : lectures scolaires de la comedia palliata à la Renaissance
L'atelier propose de découvrir quelques usages pédagogiques du théâtre comique des latins dans les écoles et universités de la Renaissance. Il s'appuiera en particulier sur la lecture des éditions humanistes de Plaute et Térence qui, souvent, s'adressent aux professeurs et à leurs élèves. Ce sera l'occasion, aussi, de lire des textes méconnus de très grands pédagogues (Erasme, Mélanchthon, etc.), placés aux seuils de leurs éditions savantes.
14h00-16h00 Jérémie Pinguet (Université de Bourgogne), Expression du deuil et lyrisme familial à la Renaissance : l’exemple de Pontano et de Macrin
À travers les œuvres de ces grands poètes de l’humanisme italien et français, nous explorerons les enjeux de la poésie funèbre dans le contexte de la vie familiale et conjugale. Pontano et Macrin ont en effet célébré leurs épouses respectives au point de les ériger en authentiques figures littéraires : Ariadna et Gélonis ont ainsi rejoint le panthéon des uxores les plus célèbres.
16h00-17h45 Marianne Reboul (IHRIM-ENS de Lyon) et Paul Gaillardon (IHRIM-CNRS), Atelier « Outils numériques »
Présentation d'outils d'analyse automatique du latin à partir des banques de données. Présentation d'un projet HN en cours de réalisation.
Mercredi, 5 juillet
09h30 – 11h30 Frédéric de Buzon (Université de Strasbourg), Le(s) latin(s) de Descartes
L’atelier de cette année se concentrera sur les deux versions, latine et française, des Principia Philosophiae (resp. 1644 et 1647), avec notamment les difficultés liées au vocabulaire de la physique.
11h45 – 12h30 Pierre-François Moreau (IHRIM-ENS de Lyon), Le latin de Spinoza. Difficultés et ressources
Spinoza use d’un latin du XVIIe siècle alimenté par plusieurs sources (littérature classique, lexique scolastique, latin humaniste). Les difficultés de traduction viennent notamment des rapports entre langue courante et langue technique, ainsi qu’entre les divers champs où les termes font sens. Leur solution tient entre autres aux évolutions possibles de la langue d’arrivée et aux renvois entre traduction et annotation.
14h00 – 16h00 Lucie Claire (Université de Picardie), Écrire l’histoire à la Renaissance : les Historiae Venetae libri XII de Pietro Bembo
On sait que la Renaissance a puisé, en partie, ses modèles d’écriture aux sources antiques, notamment pour l’histoire, discipline qui est l’objet d’une attention spécifique et renouvelée de la part des humanistes. À travers la traduction et le commentaire de quelques extraits des Historiae Venetae libri XII de Pietro Bembo, il s’agira de mettre à la question cette notion de modèle et de se demander si elle fait encore sens pour écrire l’histoire du début de la modernité.
16h30-18h00 Claire Giordanengo et Martine Furno, Enseigner/Apprendre la grammaire latine à la Renaissance et à l’Âge classique
Présentation de plusieurs grammaires et dictionnaires latins du fond ancien de la Bibliothèque Diderot de Lyon.
Jeudi, 6 juillet
10h00– 12h00 Martine Furno, Le latin des partis religieux au XVIe siècle : présentation du contexte et de quelques traits du "latin des Réformés" à travers la De Fanini Fauentini morte de Francesco Negri.
Comme on a pu le montrer pour le français, il existe quelques traits particuliers essentiellement sémantiques, qui permettent la "connivence" entre lecteurs et scripteurs "évangéliques", aux temps où l'écrit ouvertement réformé est dangereux, mais aussi ensuite lorsque celui-ci peut devenir propagande. L'atelier présentera quelques attitudes et traits généraux du discours des deux partis, et se centrera ensuite sur des traits linguistiques "réformés" à travers un texte militant.
14h00-16h00 Alice Vintenon (Université Bordeaux Montaigne, Centre Montaigne), Traduire le Médicinale bellum de Symphorien Champier
Cette séance est le fruit d’un travail collectif dirigé par Alice Vintenon (Université Bordeaux Montaigne, Centre Montaigne) : la traduction (par une équipe composée d’Anne Bouscharain, Sylvie Laigneau-Fontaine et Judith Rohman, avec la participation de Jacqueline Vons) du Medicinale bellum. Publiée en 1516 par le polygraphe lyonnais Symphorien Champier, cette épopée héroï-comique répond, à travers l’affrontement du cœur et du cerveau, à une question classique de la médecine : quel est l’organe dominant du corps humain ?
La séance présentera certaines des difficultés posées par le latin de Champier. D’une part, il s’agit d’un latin composite, souvent tissé de textes préexistants, ce qui peut créer un effet d’hétérogénéité. D’autre part, les outils de travail classiques ne permettent pas toujours de comprendre les nombreuses formules scolastiques du texte, dont la présence peut surprendre sous la plume d’un auteur qui se présente comme une figure de l’humanisme. De la même manière, le lexique anatomique utilisé, qui emprunte à des sources diverses, reflète les contradictions du premier humanisme médical français qui, tout en aspirant fortement à revenir aux sources antiques, s’appuie encore largement sur les compilations médiévales. On évoquera aussi les choix de traduction qu’appelle le genre littéraire singulier du Medicinale bellum, fiction dont la traduction doit mettre en valeur le fonctionnement allégorique, mais aussi la dimension comique et parfois grivoise.
16h30-18h00 Smaranda Marculescu, Traduire du grec en latin au XVIe siècle
Présentation de quelques traductions en latin, réalisées notamment par Sigismund Gelenius chez Froben, d'œuvres d’auteurs judéo-hellénistiques et de leur diffusion au XVIe siècle.
Vendredi 7 juillet
09h00 – 11h00 Martine Furno, Atelier d’ecdotique : transcrire et éditer des imprimés anciens, quelles problématiques ?