FELiCiTE - SÉMINAIRE DE TRADUCTOLOGIE FÉMINISTE - 21 mars 2022
Le 21 mars 2022
En visioconférence et en présentiel à l’ENS de Lyon, site Descartes salle D4.260
de 9h30 à 12h
Coraline Jortay : Traduction féministe et chinois
Discussion : Samantha Saïdi
Coraline Jortay est Laming Junior Research Fellow au Queen’s College de l’Université d’Oxford, où elle prépare une monographie retraçant les débats littéraires, politiques et linguistiques qui ont entouré « l’invention » des pronoms marqués en genre en chinois dans la première moitié du vingtième siècle. Elle est également co-fondatrice du China Academic Network on Gender (CHANGE – https://change.hypotheses.org) et traductrice de littérature sinophone en français.
Résumé :
Les années 1920-1930 en Chine ont été le temps d’un afflux de traductions et de réformes linguistiques tout à fait singulières, tant par leur ampleur que par la radicalité de leurs propositions : faut-il abroger les caractères chinois au profit d’un alphabet qui noterait exclusivement les sons de la langue ? Faut-il transplanter des catégories grammaticales entières des langues européennes dans la langue chinoise au nom du progrès et de la modernité linguistique ? À cette même époque, la « question de la femme » et de sa place dans la société devient progressivement un enjeu social de premier plan avec l’essor de la presse périodique et l’émergence d’un mouvement suffragiste et d’un féminisme anarchiste inspiré par son homologue japonais. Dans ce contexte historique particulier, une série de linguistes, traducteurices et auteurices s’interrogent sur les rapports entre langues, différents types d’écritures (alphabétique ou non-alphabétique) et représentations de genre, ainsi que la manière dont la traduction peut agir comme révélateur de discriminations. Ce sont ces débats du siècle dernier que cette intervention se propose de récupérer. Ce faisant, elle permet de mettre en lumière non seulement le rôle qu’a pu jouer la traduction dans la manière dont les questions de genre ont été pensées, écrites, et débattues en Chine au début du vingtième siècle, mais également de réfléchir plus largement à la manière dont les débats d’hier peuvent éclairer ceux d’aujourd’hui.
Vanina Mozziconacci Agrégée et maîtresse de conférences en philosophie à l’université Paul Valéry Montpellier 3. Sa thèse porte sur les théorisations féministes de l’éducation.
Samantha Saïdi Ingénieure d’étude au laboratoire Triangle UMR 5206 en tant que traductrice et éditrice en humanités numériques. Elle a été résidente de la Fabrique des humanités (ATLAS) et a traduit des textes de Michael P. Johnson, de Silke Bothfeld ainsi que différents matériaux sur l’histoire des luttes LGBT+ (articles, sous-titres de documentaires, etc.). Elle traduit actuellement un ouvrage de Claire Renzetti sur les violences conjugales.
Noémie Grunenwald Noémie Grunenwald est traductrice (Julia Serano, bell hooks, Minnie Bruce Pratt, Sara Ahmed, Laboria Cuboniks...), éditrice (chez Hystériques & AssociéEs) et étudiante à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Ses recherches, dirigées par Régis Schlagdenhauffen, portent sur l’engagement féministe dans les pratiques de traduction.
Héloïse Thomas Doctorante et agrégée en Études Anglophones, rattachée au laboratoire CLIMAS (Cultures et Littératures des Mondes Anglophones EA 4196), elle donne des cours d’histoire littéraire, littérature comparée et de traduction à l’université de Bordeaux Montaigne (L1/L2 LEA et LLCE). Elle travaille à une thèse sur "Archives, Empire, Apocalypse : représentation de l’apocalypse dans la littérature nord-américaine du 21e siècle" et axe son travail sur les études de genre, les études post-coloniales, littérature et multilinguisme. Elle a donné de nombreuses communications et publications sur l’historiographie féministe, les femmes des marges dans la littérature.