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Modernités britanniques

Présentation de l'aire

L'aire est coordonné par Claude Gauthier (PR, philosophe, ENS), Arnaud Milanese (MCF HDR, philosophe, ENS), Sophie Chiari (PR, études anglaises, UCA), et Sophie Lemercier-Goddard (MCF, études anglaises, ENS)

Historique

Le programme « Les modernités britanniques : origines, continuités, ruptures [XVIe-XXe siècles] » résulte de l’unification de deux types d’initiatives déjà existantes : d’une part, le projet qu’animaient Arnaud Milanese [ens-lyon] et Jauffrey Berthier [Bordeaux 3] et qui portait, depuis 2014, sur « Les origines anglo-saxonnes de la modernité : Bacon et Hobbes » et, d’autre part, la collaboration du séminaire de recherches [PHI045] ouverte depuis 3 ans maintenant qui porte sur la pensée morale et politique de John Dewey [Arnaud Milanese et Claude Gautier, ens-lyon].

Ce programme part d’un ensemble de réflexions portant sur l'émergence des modernités dans l'espace anglais – au sens large -, dans leurs dimensions scientifique, politique, institutionnelle, etc. Cette « aire » connaît en effet un contexte politique et religieux spécifique dans la 2e moitié du XVIe siècle — ce qu'on a pu appeler ‘l'avancée anglaise dans la formation de l'Etat moderne’.
Cette « aire » est aussi un espace culturel qui a vu l'apparition et le développement de la pensée de deux auteurs majeurs, Bacon et Hobbes. Leur pensée est fécondée par la prise de conscience ample et précise des spécificités de leurs temps. Ce qu'on a pu appeler ‘une culture du fait’, pour caractériser l'empirisme anglo-saxon classique, serait alors une forme de rationalité attentive aussi bien à une nouvelle approche des pouvoirs de connaître qu’aux conditions historiques de leur mise en pratique — celles du droit, de la science, de l'enseignement, etc.
Dans cette perspective, toujours, on proposera de relire certaines étapes majeures de l’histoire des « empirismes » en ne limitant pas celle-ci à la seule théorie de la connaissance. Ce qui justifiera que l’on prenne en compte, également, ce qui advient dans d’autres aires géographiques et culturelles limitrophes comme l’Ecosse, l’Irlande, etc. Des aires dont on sait qu’elles auront une importance de premier ordre dans la formation et le développement d’éléments importants de la philosophie américaine des XVIIIe et XIXe siècles.
Cette perspective ne se limite pas, loin s’en faut, à la diffusion des idées nées des Iles britanniques. Elle devra prendre en compte, tout à la fois, les manières dont la pensée britannique a relayé puis développé, sur le plan des représentations et des constructions discursives, certaines des grandes innovations de la science, de la société et de la politique de ces époques : la promotion de l’expérimentation scientifique, l’épreuve des guerres civiles et des révolutions politiques, les révolutions industrielles, etc.
Mais aussi, bien sûr, la question des rapports avec les colonies au sein de l’Empire — au premier chef, la « Nouvelle Angleterre » et ses liens avec la Couronne. Il s’agit-là d’autant d’expériences matricielles qui viennent alimenter d’autres formes d’appropriation et de mise à distance, sur le plan des discours et des représentations, dont on peut trouver des traces jusque dans les traditions doctrinales de la pensée politique Outre Atlantique.
De ce point de vue, également, il importe de ne pas oublier que le premier pragmatisme de la Côte Est-Américaine se constitue, pour partie au moins, dans et contre ces premières histoires — histoires auxquelles il faudrait ajouter celles portant sur la réception critique des appropriations britanniques de l’Idéalisme allemand. Ce mouvement nous semble exemplaire chez John Dewey lequel, peut-être plus encore que William James, contribua à ranimer la flamme des « vieilles lignes anglaises ».

Programme

Aujourd'hui, l'aire s'organise autour de trois séminaires :

1) « Modernités britanniques / Approaches to British Early Modernity »
      Le séminaire se déroule sur deux campus: à Lyon (ENS) par Claude Gauthier, Arnaud Milanese et Sophie Lemercie-Goddard, et à Clermont-Ferrand (UCA) par Sophie Chiari.
      Il s’intéresse à la constitution de la modernité britannique, sous toutes ses formes. Il privilégie l’étude du monde anglo-saxon des XVIe et XVIIe siècles. Ce type de séminaire s'intéresse à la littérature (et en particulier aux études shakespeariennes), à la philosophie et à l’histoire des idées et des représentations. Il permet de fédérer de nombreuses forces vives à un niveau régional, national et international.
      L’objectif de ce séminaire est, au sein du Labex COMOD, de proposer une manifestation scientifique :
  • à la fois lyonnaise et clermontoise
  • qui s'inscrive durablement dans le paysage des études anglophones sur la Renaissance
  • qui décloisonne nos champs de spécialité dans ce domaine (le séminaire s’intéresse au théâtre, à la peinture, à la poésie, aux adaptations cinématographiques, à la science, à l’écocritique…)
  • qui propose un espace d’échange et de dialogue sur la durée, à la fois national et international : volonté d’établir un contact entre jeunes chercheurs et collègues confirmés. Accueil des collègues spécialistes en études shakespeariennes lors de leurs séjours en Europe. Accueil des chercheurs d’envergure internationale désireux de venir partager leurs recherches et de faire connaître leurs ouvrages.
2) « Relire Rorty »
Ce séminaire s’inscrit dans le travail que Claude Gautier et Stéphane Madelrieux (Lyon 3) accomplissent depuis une dizaine d’années pour développer sur le site lyonnais les études philosophiques portant sur le pragmatisme et le néo-pragmatisme. Effort dont on commence à voir les conséquences – inscriptions en thèses, multiplications des mémoires de master consacrés à ce domaine de la recherche, etc.
« Relire Rorty » sera ainsi l’occasion de prendre la mesure de certaines lectures majeures de l’héritage pragmatiste dans la pensée philosophique contemporaine de langue anglo-saxonne. Il sera, de surcroît, l’illustration de la collaboration fructueuse que développent, autour du pragmatisme, les départements de philosophie de l’Université Jean Moulin et de sciences humaines de l’École normale supérieure de Lyon.

3) Séminaire "Thermalisme et Politique (XVIIe-XIXe siècle)"

animé par Samuel Cuisinier-Delorme (Maître de Conférences, anglais, Université Clermont Auvergne, IHRIM UMR 5317), Sophie Vasset (Maître de Conférences, anglais, Université de Paris, LARCA UMR 8225) et François Zanetti (Maître de Conférences, histoire, Université de Paris, EA ICT).

Ce séminaire vise à interroger les enjeux politiques autours des eaux minérales et des villes thermales de l’époque moderne. La médecine des eaux s’organise différemment selon les pays d’Europe : en France, elle se développe autour d’institutions multiples (hôpitaux, sanatoriums, fermes d’exploitations thermales). L’État cherche à assurer le contrôle de celui de l’eau elle-même et institutionnalise le thermalisme en développant un savoir d’état sur ces pratiques, qui s’accompagne de politiques de santé publique pour en faciliter l’accès.

En Angleterre, l’assistance est agencée par des souscriptions, les sociétés de bienfaisance et des hôpitaux privés (Borsay, 1999). Par ailleurs, cette médecine s’exporte dans les colonies : les colons créent des stations thermales dans les colonies, et reviennent soigner leurs maladies coloniales aux eaux nationales (Jennings, 2009). La question de la propriété de l’eau, un bien commun (commons), est centrale dans tous ces développements institutionnels et entrepreneuriaux : à qui appartient l’eau ? La ville, l’état, les usages, les exploitants ? Principalement associées aux loisirs (jeux, courses et divertissements) plus encore qu’à la médecine, les villes thermales sont aussi des lieux de diplomatie, de sociabilité européenne. Ces espaces périphériques ont eu un rôle récurrent dans les conflits internationaux, et font l’objet de multiples tensions de politique locale. Ils sont aussi le lieu d’une sociabilité féminine qui organise, au gré des saisons, des rencontres régulières (Hurley, 2006). Si ces sociabilités créent un ensemble de représentations satiriques, les villes thermales sont aussi le lieu d’une autre société possible, tant par l’interculturalité qu’elles proposent que par la recréation de traditions locales réinventées pour l’agrément des curistes.

Informations pratiques et contacts : http://thermal1719.hypotheses.org

Les événements


Les formations

A l’Université Clermont Auvergne, ce séminaire fait partie de la formation doctorale des doctorants de l’ED LSHS. Il doit permettre aux doctorants d’élargir leur culture générale, de se rencontrer, de se constituer un premier réseau au sein des « early modern studies », et d’élargir leurs approches et enrichir leurs outils méthodologiques s’ils viennent d’une spécialité différente.
A l’ENS, ce séminaire est ouvert à tous les étudiants ; il est validé par les étudiants de pré-master qui suivent le cours de Formation à la Recherche en Etudes Elisabéthaines (ANG3107).

Les ressources

Captation vidéo du séminaire "to cut or not to cut" avec Russell Jackson (29 mars 2018)

Captation vidéo de la table-ronde qui a clôturé le colloque "John Webster's The Duchess of Malfi Reconsidered" (15 décembre 2018)

Captation vidéo du séminaire "Cosmography and the Early Modern Imagination" avec Janet Clare et Jennifer Reid (19 février 2019)